samedi, septembre 14, 2024
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JESUS , un habitant de Nazareth

Préambule : Notre site est ouvert à tous ceux qui veulent s’exprimer en respectant certaines règles . Anne Marie Patte théologienne ,habitante de Lapugnoy , a publié plusieurs écrits et nous tenons à la remercier . Nous sommes rassurés car ces valeurs ainsi développées sont particulièrement appréciées. De plus , dans cette période d’incertitude , de violence , elle nous appelle à la tolérance et au respect . Merci Mme Anne Marie Patte , c’est un vrai plaisir que nous publions vos écrits .

« Que peut-il sortir de bon de Nazareth ? » (Jn1,46)

Pour les gens des villes, les habitants des campagnes sont frustes et ignorants. En effet, la vie est rude à Nazareth. Ce petit village, dans la zone montagneuse de Basse Galilée est à l’écart des routes. Une brèche, en pente raide permet l’accès au lac de Génésareth.
Les maisons disséminées sur les versants sud des collines sont bordées de terrasses où l’on cultive des vignes de raisins noirs. Les oliviers poussent dans les parties rocheuses ; dans les champs, à flanc de collines on cultive du blé, de l’orge et du mil. Dans la vallée, des légumes : haricots lentilles, ainsi que quelques figues. Les brebis fournissent le lait pour du fromage ou des yaourts. Du poisson salé à quelques rares occasions ; de la viande, seulement lors du pélerinage à Jérusalem.
Une source abondante jaillit à l’extrémité occidentale.
Nazareth compte 200 à 400 habitants, l’espérance de vie dépasse rarement 30 ans.
Les maisons sont basses avec des murs de pisé ou de pierres coiffées d’un toit de branches sèches et d’argile ; au sol : de la terre battue. Une seule pièce où vivent et dorment tous les membres de la famille et les animaux. Ces maisons donnent sur une cour intérieure partagée par 3 ou 4 familles du groupe, elle abrite les biens communs : le petit moulin, le four à pain, les outils agricoles. Elle accueille les jeux des plus petites et les réunions des adultes.

Lorsque, plus tard, Il parcourra la Galilée, Jésus ne fera pas de grands discours théologiques, il parlera des choses de chaque jour pour annoncer un Dieu paternel.
L’ abondance des images et des observations tirées de la nature, nous montrent un homme qui sait regarder la création et en jouir : « Les oiseaux du ciel ne sèment ni n’amassent dans des greniers, et votre Père céleste les nourrit »( Mt6,26). Il rend grâces à Dieu « qui fait lever le soleil sur les méchants et les bons et fait tomber la pluie sur les justes et les injustes ». (Mt10,16). Son regard est le regard de la foi, il devine les soins amoureux de Dieux pour ses créatures. Il se réjouit de la bonté de Dieu envers tous ses enfants, les bons comme les méchants .
«  Le vent souffle où il veut », il y là une réalité profonde et mystérieuse : l’Esprit Saint de Dieu.( Jn3,8).
Pour être en accord avec Jésus et pénétrer son expérience de Dieu, il faut aimer la vie, s’ouvrir au monde, être à l’écoute de la création

Dans ce petit monde la famille est tout. Sans famille, il n’y a pas d’identité. Jésus vit dans une famille élargie, regroupée sous l’autorité patriarcale. Jésus a quatre frères et plusieurs sœurs (Ac6,3).
Abandonner sa famille est une décision surprenante. C’est ce que va faire Jésus, cette rupture marque le début de sa vie de prophète itinérant.
Il n’aura de cesse de critiquer dans ce modèle familial l’autorité patriarcale et la condition des femmes.
L’autorité du père était absolue, tous lui étaient soumis. Pour Jésus la domination sur les autres doit être remplacée par des services mutuels : « N’appelez personne votre père sur la terre, car vous n’en avez qu’un, le Père Céleste » (Mt23,9).
Quant à la femme, elle appartenait toujours à quelqu’un, elle passait du joug du père à celui de l’époux.Elle devait travailler au foyer et avoir des enfants. Le père pouvait vendre sa fille comme esclave pour payer une dette. L’époux pouvait lui donner le billet de répudiation (le Guett) pour n’importe quel prétexte, même une soupe trop tiède !!! La femme répudiée ou veuve se retrouve sans aucun bien, livrée à la mendicité ou à la prostitution.
Jésus défendra les femmes : « quiconque répudie sa femme et en épouse une autre commet un adultère. » (Mc10,11) ; ne rejettera pas les prostituées, accueillera les femmes parmi ses disciples à stricte égalité avec les disciples hommes pour l’enseignement comme pour les fonctions.

Ces paysans avaient deux sources de préoccupations : la subsistance et l’honneur. Dans le premier cas, il s’agit de payer tous les impôts, nourrir la famille et les animaux en conservant assez de grains pour la prochaine récolte. La vie de Jésus est l’exemple même de déshonneur pour une famille. Sa vie vagabonde sans travail fixe, en réalisant des exorcismes et des guérisons est une honte pour sa famille. C’est pour cela qu’ « ils partirent pour se saisir de lui, car ils disaient : il a perdu le sens » (Mc3,21).

Jésus a grandi dans un foyer juif religieux, enraciné dans l’histoire d’Israël. Matin et soir, on récite le Shema Israël : «  Ecoute Israël, tu aimeras YHW, ton Dieu, de tout ton coeur, de toute ton âme. » Les habitants de Nazareth avaient conscience d’être israëlite, d’appartenir au peuple de Dieu par le rite de la circoncision qui les faisait entrer dans la Berit, l’Alliance. Ils savent que le Dieu de la Berit habite dans le Temple de jérusalem où ils se rendent en pélerinage pour Pesah (Pâque) et Yom Kippour ( fête de l’Expiation). Le samedi, Nazareth se transforme, personne ne travaille, c’est un don de Dieu. « Le Sabbat a été créé par amour pour l’homme » (Mc2,27).

Il est vraisemblable que Jésus ne savait ni lire ni écrire. Dans ces villages de culture orale,on se transmettait les chants, les prières et les traditions. Jésus était un villageois plein de sagesse et d’intelligence qui savait écouter et garder en mémoire.
Ce que Jésus a appris c’est un métier (Mc6,3) : il était tekton, un bâtisseur qui utilise la pierre, le bois et même le fer. A une heure de marche se trouvait Séphoris, la capitale où il pouvait aller travailler. Il n’était pas aussi pauvre que la majorité des Galiléens, mais il restait un journalier.

Un fait étrange caractérise Nazareth : Jésus ne s’est pas marié ! La renonciation de Jésus à l’amour physique ne semble pas motivée par l’idéal ascétique des moines de Qumrân ni par ascétisme du désert de Jean le baptiste. Pourtant son style de vie surprend, il mange, il boit, il assiste à des noces et des femmes disciples l’accompagnent.
Si Jésus ne vit pas avec une femme, ce n’est pas parce qu’il méprise la sexualité ou la famille. C’est parce qu’il n’épouse personne ni aucune cause, qui puisse le distraire de sa mission au service du Royaume. Il reste ainsi en totale disponibilité pour lutter en faveur des plus faibles et des humiliés, principalement les femmes.

Anne-Marie Patte, membre du Comité de la jupe.

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