Nous avons déjà publié plusieurs articles de théologie ,écrits par Mme Anne Marie Patte , brillante théologienne. Lisez les articles précédents :
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Dans les années 28, Jésus, qui a environ 32 ans, quitte le Baptiste. Ce prophète itinérant va parcourir tous les villages autour du lac de Génésareth, ceux de Basse Galilée et des régions voisines de la Décapole jusqu’à Césarée de Philippe.
Il n’entre pas dans les villes, mais s’arrête aux abords, là où se trouvent les exclus qui dorment hors les murs.
Dans ces villages se trouvent les gens les plus pauvres, dépouillés du droit de jouir de la terre donnée par Dieu. C’est là que se trouve le peuple d’Israël le plus maltraité par les puissants ; ce sont les brebis perdues d’ Israël.
Pour Jésus, le royaume de Dieu doit être annoncé en priorité à ceux qui ont le plus besoin de soulagement et de libération. La vie itinérante parmi ce peuple est le symbole de sa liberté et de sa foi dans le royaume de Dieu. Il ne dépend de personne et ne possède rien.
Il n’enseigne aucune doctrine, mais annonce inlassablement que Dieu est déjà parmi nous pour apporter une vie heureuse à tous .
Le peuple- malgré l’exil, les invasions, l’oppression- par les paroles du prophète Malachie, à toujours gardé l’espérance du royaume de Dieu : « Voici, je vais envoyer mon messager pour qu’il fraye un chemin devant moi » ; Dieu va bientôt libérer Israël de l’oppression, rétablir la justice (juste répartition des terres), la paix et la dignité.
Le langage de Jésus est nouveau. Il ne dit pas Dieu va venir mais Dieu est déjà là. Pour Jésus, le royaume de Dieu devient réalité dans la mesure où le mal est vaincu par nos bonnes actions.
Dieu ne vient pas détruire les Romains ni anéantir les pécheurs. Jésus est convaincu que Dieu ne vient pas pour détruire les personnes mais le mal : « J’ai vu Satan tomber du ciel comme un éclair » (Lc10,18).
Dieu vient libérer tout le monde et veut détruire tout ce qui fait souffrir l’être humain. Dans Matthieu1,24, les esprits malins qui tourmentent les possédés s’en prennent à Jésus : « es-tu venu nous détruire ? »
Jésus ne parle pas de la colère de Dieu comme le Baptiste, mais déclare que Dieu vient comme un père débordant d’amour, il remplit la création tout entière de sa compassion.
Jésus a cette intuition en contemplant la nature : « Dieu fait lever le soleil sur les méchants et les bons, et tomber la pluie sur les justes et les injustes » (Mt5,45). Dieu ne réserve pas son amour aux Juifs qui obéissent à la Loi. Il étend sa compassion aux Romains et aux pécheurs. Sa bonté est sans limite.
Avec Jésus, le royaume de Dieu est concret : c’est la vie qui passe en premier ,pas la religion.
« Moi, je suis venu pour qu’on ait la vie, et qu’on l’ait surabondante » (Jn10,10).
Jésus met ainsi en marche un processus de guérison, aussi bien individuelle que sociale. Il guérit les malades et les pécheurs, non pour affirmer son autorité mais par compassion en terminant par : « va en paix ». Il leur souhaite ce qu’il y a de mieux : une bonne santé, une cohabitation heureuse en famille et au village, une vie comblée de bénédictions divines.
Guérir,délivrer du mal, tirer de la dépression, assainir la religion du rigorisme,construire une société plus juste, voilà les chemins pour accueillir et développer le royaume de Dieu.
« Heureux, vous les pauvres, car le royaume de Dieu est à vous . Heureux vous qui avez faim maintenant, car vous serez rassasiés. Heureux vous qui pleurez, car vous rirez » (Lc6,20-21). Jésus invite à l’espoir, il veut que les pauvres retrouvent leur dignité .Dieu est le défenseur des pauvres . si son règne est reçu sur terre, tout changera pour le bonheur des derniers de la société.
Que Dieu défende les pauvres est scandaleux pour certains. Jésus explique que les pauvres ont la préférence de Dieu car le Père miséricordieux de tous défend ceux que personne ne défend. « Il rend justice aux opprimés, il donne aux affamés du pain. Yhw délie les enchaînés…il soutient la veuve et l’orphelin » Ps146,7-9.
En annonçant le royaume de Dieu, Jésus appellent tous les hommes à changer de façon de penser et d’agir. A la question posée par des pharisiens : « est-il juste de payer le tribut à César ?, Jésus répond : « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu » (Lc20,22-26).
Ce sémitisme affirme que pas même le divin empereur n’est au-dessus de Dieu. Rendez à César ce qui est le signe de son pouvoir (les impôts), mais le royaume de Dieu appartient à ceux qui souffrent et qui sont privés de leur dignité. Pour entrer dans le royaume, il ne faut pas construire sa vie comme Tibère ou les riches propriétaires. Entrer dans le royaume revient à sortir de l’empire que les puissances de l’argent veulent imposer. « Vous ne pouvez servir Dieu et l’argent » (Mt6,24).
Vivre sous le règne de Dieu nécessite un changement radical : ne pas rendre le mal pour le mal, donner généreusement aux nécessiteux, pardonner. « Remets-nous nos dettes comme nous-même avons remis à nos débiteurs » (Mt6,12). Le royaume de Dieu est une réalité qui exige la justice sociale.
Le royaume de Dieu est déjà présent et en même temps à venir. « Père que ton nom soit sanctifié. Que ton Règne arrive » (Lc11;2). Le royaume de Dieu est présent comme une graine semée dans le monde, un jour, on pourra faire la moisson finale.
La Cène exprime la réaffirmation de Jésus dans le royaume de Dieu. Ce dernier repas symbolise le banquet ultime où Dieu partagera sa table avec les pauvres, les pécheurs et les païens.
Israël n’a pas entendu le message de Jésus, mais Dieu triomphera et lui aussi en dépit de son échec et de sa mort : « en vérité je vous le dis, je ne boirai plus désormais de ce fruit de la vigne, jusqu’au jour où j’en boirai de nouveau avec vous dans le royaume de mon Père » (Lc22,18).
Anne-Marie Patte
Membre du Comité de la jupe
Anne-Marie Patte
Membre du Comité de la jupe.